Rouler à moto en hiver : quelques conseils de sécurité ?

07/01/2021

Si la conduite à moto est déconseillée par temps de grand froid, risque de verglas ou de neige, il est toutefois possible de se déplacer en deux-roues l’hiver. Pour cela, le motard doit se munir d’un équipement adapté et prendre de plus amples précautions qu’habituellement. Découvrez nos conseils pour évoluer sur route à moto en toute sécurité à cette période de l’année où les conditions sont souvent loin d’être idéales.

Le premier plaisir, c’est d’abord celui de continuer de faire de la moto. Si les journées sont plus courtes, elles proposent souvent un bel ensoleillement, et ainsi l’occasion de découvrir des paysages teintés de couleurs inédites. La moto l’hiver, quand on l’envisage en balade, pour le seul plaisir, on doit l’orienter pour profiter de l’instant, des lieux et des paysages, bien plus que pour le pilotage. Dans des conditions froides, le pilotage ne devra jamais être engagé, toujours maîtrisé, et plus encore que lorsque les conditions d’adhérence sont optimales (si tant est qu’elles existent… Mais oui, par rapport à l’hiver, reconnaissons qu’elles existent), systématiquement évalué et adapté.

L’adaptabilité, voilà la clef du pilotage moto, du pilotage tout court d’ailleurs, et une clé permettant d’ouvrir cet imposant verrou du jardin d’hiver…

ROULER PAR TEMPS SEC :

Le goudron est peut-être sec, ce qui est déjà très bien, mais gardez à l’esprit qu’il reste froid. Parfois même glacial. Et dans ces conditions, il convient de prendre le temps de bien faire monter ses pneus en température. Température de fonctionnement qu’ils n’atteindront peut-être d’ailleurs jamais, puisque toutes les montes pneumatiques ne fonctionnent pas dans un spectre de température équivalent. Pour faire simple, un pneu sportif délivre son potentiel à des températures plus élevées que celles nécessaires à un pneu au profil routier.

Pourquoi de ne pas opter pour un pneu hiver alors ? Parce que contrairement à l’automobile, il n’y a pas de pneu hiver moto. Simplement parce que le marché trop étriqué (ou l’usage se réduit encore à cette période de l’année) ne saurait intéresser les manufacturiers à développer une gamme spécifique. À nous de bien gérer les choses alors…

Nous parlions d’adaptabilité juste avant, il vous appartient d’en faire preuve ici. Ce n’est pas parce que le soleil brille que le grip est au rendez-vous ! Dites vous même qu’il est absent, ça vous évitera de tergiverser, et ce sera l’obligation d’adopter un pilotage tout en souplesse, sans trop charger le pneu avant en entrée de virage, sans accélérer trop fort en sortie, sans remettre un trop gros filet de gaz sur l’angle… De la souplesse, du doigtée (d’ou une nouvelle fois l’importance de ne pas avoir des gants trop gros, ce qui limiterait vos sensations comme la préemption des poignées du guidon, ou encore le maniement des commandes), et de la retenue. On ne s’engage pas dans son pilotage par temps froid comme on le ferait sous un soleil redevenu chaud : en hiver, il a la forme du soleil, la couleur du soleil, la luminosité du soleil… mais ce n’est pas vraiment le soleil

ROULER PAR TEMPS HUMIDE :

Là on passe un cap sur l’échelle de la prudence. Froid + humidité = danger. Et s’il fait vraiment froid, qu’il gèle, là on parlera même de grand danger. Voir de péril ! Et comme à l’impossible nul n’est tenu, si au cours de votre parcours vous étiez confronté à rencontrer une chaussée entièrement gelée (et sur une longue distance), deux solutions s’offrent à vous :

  • Faire demi-tour et choisir un itinéraire alternatif plus sécurisant. Ou remettre carrément ce voyage à plus tard.
  • Si vous êtes contraint de poursuivre votre route par ce seul itinéraire, acceptez de mettre pieds à terre, garez-vous en toute sécurité, et optez pour un moyen de transport alternatif (un télésiège par exemple ;-)…)

Si la chaussée ne semble que partiellement gelée, et sur un tronçon que l’on imagine assez court, et que vous avez décidé de continuer de l’emprunter, signalez-vous (warning), adoptez une vitesse très raisonnable mais à une allure constante maintenue sur un même rapport (sans à coup d’accélération ni de décélération, sans freinage appuyé), et n’hésitez pas à laisser vos pieds sortis et flirtant avec le sol, prêts à remettre l’impulsion qui rattrapera une éventuelle dérobade.

Si la neige (tenant au sol) n’est pas aussi piégeuse que le verglas (elle a au moins le mérite d’être facilement repérable, au contraire des plaques de glace souvent indécelables), il est presque aussi difficile de l’appréhender guidon en mains. Une fois tassée, ce sera même quasiment comparable au verglas. Pour éviter un « Holiday on ice » pas répété, le mieux sera là aussi de se garer en sécurité (ou de faire demi-tour si la souricière ne s’est pas refermée) et de gérer la suite en tant que piéton. Si vous souhaitez vraiment passer, visez la neige fraîche (vierge de toute trace) qui apportera un soupçon d’adhérence en plus, roulez au pas, les pieds surfant sur le sol, ou en tout cas prêts à quitter en un éclair les repose-pieds pour offrir un appui de secours indispensable.

Plus encore que par temps sec, le type de pneus choisis revêt dans des conditions de chaussée humide un aspect primordial. Evitez tant que possible les pneus sportifs aux rares sculptures et optez pour des pneus routiers bien mieux sculptés. Et si jamais vous roulez avec un trail, les profils à crampons seront de précieux alliés, surtout au moment d’emprunter un tronçon enneigé.

Plus généralement, sur une route « seulement » détrempée, mais toujours froide, il convient logiquement de garder encore plus de marge que par temps sec. Encore moins d’angle en virage, des freinages moins appuyés (et si possible bien répartis entre avant et arrière pour que les suspensions s’enfoncent de concert, limitant ainsi les transferts de masse qui pourraient vous déstabiliser), une accélération progressive, des changements d’angles accompagnés et non saccadés… Pour résumer, on pilote en souplesse pour maintenir de l’harmonie dans l’évolution de cet ensemble mobile constitué du pilote (et d’un éventuel passager) et de sa moto.      

ROULER DE NUIT :

Après le froid, la pluie, la neige et la glace, voici que la nuit tombe… Alors imaginez quand tout se cumule ! Là, oui, le plaisir, on l’aura seulement quand, quelques temps plus tard, après en être revenu, on évoquera lors de longues veillées cette sortie dans l’enfer de l’hiver qui nous aura conduit sur une Yamaha R6, à 1 heure du matin, à tenter de traverser sur une autoroute A6 rendue étrangement silencieuse, ce col de Bessey en Chaume recouvert de plusieurs centimètres de neige… Cherchez pas c’est du vécu. À ce moment, on ne rêve que d’une chose, ou d’un combo de choses : d’avoir une bonne étoile qui scintille, puis d’une douche brûlante, et d’un pageot douillet… Mais ce sont aussi les épreuves qui forgent les souvenirs.

On peut toutefois s’en offrir de très jolies sans partir dans les extrêmes, et surtout une nouvelle fois en cherchant à limiter au maximum les risques.

  • Ça commence par la nécessité de vérifier son éclairage. Hors de question de partir avec une ampoule exsangue, ni même de partir avec des optiques sales. D’ailleurs, lors des haltes réparatrices pour votre corps, mettez un petit coup sur les optiques pour évacuer les traces de sel.
  • Jouer entre la position feu de route et feu de croisement en fonction des usagers de la route que vous croiserez. Souvent, il y a un delta conséquent entre le feu de croisement le feu de route. Egoïstement, et si vous jugez qu’il y va de votre sécurité, privilégiez dans certaines conditions le feu de route (l’éclairage d’une moto de série n’éblouira jamais autant que celui d’une automobile, ou d’un camion)… Mais bon, n’en abusez pas, on parle là de circonstances exceptionnelles.      
  • Gardez à l’esprit que la nuit, généralement, les températures baissent. Et que la route que vous avez empruntée il y a quelques petites heures, celle là même qui offrait un grip certain, en propose désormais un bien plus incertain…

EN BREF

  • Adaptabilité : le maître mot pour évoluer avec un maximum de conscience, et donc de sérénité, dans les conditions hivernales.   
  • Opter pour des équipements qui vous garantissent chaleur et liberté de mouvement. Plus vous vous sentirez à l’aise, plus vous serez aptes à gérer les situations complexes que l’hiver réserve souvent.
  • Soigner votre regard : celui que vous porterez loin pour anticiper les choses (gardez toujours à l’esprit que votre moto va là où se pose votre regard). D’où la nécessité d’avoir un matériel anti-buée, et de la souplesse dans le cou.
  • Adopter un pilotage en souplesse et en retenue. Le but étant d’anticiper un maximum les choses afin d’éviter les problèmes. Problèmes consécutifs parfois à de mauvais réflexes. 
  • On freine progressivement, on entre en virage avec un angle raisonnable, on accélère en gardant à l’esprit que l’adhérence reste limitée.
  • Méfiez vous de l’adhérence souvent changeante. Les passages des zones éclairées vers les zones d’ombre, les routes qui sèchent en tâches façon « léopard », les ponts bien plus froids en raison du vide passant dessous, l’humidité ambiante de cette période hivernale.
  • Multiplier les temps de pause (prenez du temps pour vous mais aussi pour votre machine : nettoyez les phares par exemple, inspectez les points de sécurité)
  • Privilégiez les pneus à sculpture (les pneus sportifs n’offrent que peu de capacité d’évacuation d’eau et fonctionnent à des températures difficilement atteignables dans des conditions hivernales)
  • Pensez à nettoyer votre moto après une sortie sur des routes d’hiver. Le sel, le sable, sont des matières corrosives qui nécessitent d’être évacuées dès votre sortie terminée.
  • Dans des conditions délicates plus qu’ailleurs, imaginer « le pire », c’est souvent la meilleure façon de se donner la chance de vivre le meilleur.

Le saviez-vous ?

Il est primordial pour un motard d’avoir un bon équipement pour rouler par temps de grand froid. En hiver, le préalable à toute réussite de votre escapade à moto tient dans le confort et les bonnes sensations offertes par votre équipement. Vous ne devez pas vous y sentir engoncé, coincé, limité, vous y sacrifieriez prises d’information comme rapidité d’exécution dans la réponse apportée à une éventuelle situation délicate. Vous ne devez pas non plus lutter contre un froid qui réduirait la rapidité de vos réflexes, d’autant plus si ce sont vos mains ou vos pieds qui tendaient à s’engourdir… Votre capacité de réaction pourrait être douloureusement allongée... Se sentir bien, se sentir dans l’action, prêt à agir et à réagir, voilà l’indispensable pour apprécier d’évoluer dans des conditions hivernales qui, une fois comprises, peuvent offrir de réels plaisirs.

 

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